Le temps d’exploiter les richesses en hydrocarbures de l’Afrique centrale
Fervant de voix au secteur africain de l’énergie, la Chambre africaine de l’énergie (AEC) soutient fermement l’édition 2024 du Central Africa Business Energy Forum (CABEF) – qui se déroule cette semaine au Gabon. L’événement souligne le rôle essentiel d’un environnement favorable et d’une politique axée sur le marché pour faire avancer les projets dans toute la région. Le président exécutif de l’AEC, NJ Ayuk, interviendra lors de cet événement, où il soulignera la nécessité vitale d’aborder la question de la réglementation des changes tout en créant un environnement propice aux entreprises.
Malgré le potentiel important qu’offre la région d’Afrique centrale pour le développement des hydrocarbures, les subventions, les taxes et les conditions fiscales peu attrayantes ont dissuadé les investissements étrangers. En dépit des politiques nationales, la réglementation des changes instituée par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) continue de coûter cher à la région. Plus précisément, les nouvelles règles concernant les transactions supérieures à 1 700 dollars américains ont non seulement eu un impact sur les délais de transfert d’argent, mais ont également augmenté les coûts globaux des transactions. Cela reste un obstacle majeur pour les projets énergétiques dans la région, à un moment où les capitaux étrangers sont les plus nécessaires.
L’Afrique perd jusqu’à 46 milliards de dollars d’investissements et risque d’en perdre encore des milliards si les opérateurs ne bénéficient pas d’un environnement favorable. Avec 600 millions de personnes vivant sans accès à l’électricité et 900 millions de personnes vivant sans accès à des solutions de cuisson propres, le continent a besoin de beaucoup plus d’investissements pour renforcer la sécurité énergétique et atteindre les objectifs socio-économiques. Pour accroître les investissements, les pays africains doivent supprimer les règles qui rendent les investissements difficiles.
La région de l’Afrique centrale, qui abrite certains des marchés pétroliers et gaziers les plus prometteurs d’Afrique, est bien placée pour approvisionner le continent en énergie. Les principaux producteurs tels que le Gabon, la Guinée équatoriale, la République du Congo et le Cameroun sont depuis longtemps d’importants exportateurs, mais le déclin de la production pose de nouveaux défis. Pour contrer le déclin naturel de la production d’hydrocarbures, la région a besoin d’investissements importants dans l’exploration. Des politiques fiscales peu attrayantes et des réglementations perturbatrices en matière de change ont un impact sur les dépenses dans l’ensemble du marché en amont, ce qui souligne la nécessité de s’attaquer aux obstacles fiscaux.
Prenons l’exemple de la Guinée équatoriale, dont le Gas Mega Hub (GMH) offre à la région une occasion unique de monétiser des ressources inexploitées. Grâce à son installation GNL de Punta Europa, le pays traite le gaz du champ d’Alba. L’accord pour la phase suivante du GMH a été signé, ce qui permet de relier le champ d’Aseng à l’infrastructure existante. En outre, la Guinée équatoriale a signé des accords avec le Nigeria et le Cameroun pour importer du gaz. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour maximiser le potentiel du GMH et des blocs régionaux. Il en va de même pour le Cameroun et d’autres pays de la région, tels que le Gabon et le Tchad, qui ont tous connu une baisse de leur production au cours des dernières années. Le manque d’investissement dans l’exploration peut être attribué aux politiques contre-productives de la CEMAC, aux problèmes de gouvernance et aux défis fiscaux, les opérateurs étant confrontés à des barrages routiers et à la bureaucratie.
Malgré des politiques perturbatrices, des efforts sont faits pour améliorer l’accès à l’énergie et le commerce intra-africain. Des projets tels que le Central African Pipeline System (CAPS) visent à relier l’Afrique centrale à d’autres régions d’Afrique, grâce à un réseau de 6 500 km de pipelines reliant les ressources pétrolières et gazières de 11 pays d’Afrique centrale. L’initiative relie les dépôts de stockage, les installations de traitement du GNL, les centrales électriques et les stations de pompage, modélisant le système énergétique en Europe pour stimuler l’industrialisation et l’électrification en Afrique. L’AEC soutient pleinement le projet CAPS, qu’elle considère comme un développement essentiel pour l’avenir énergétique de l’Afrique.
Dans le contexte de la transition énergétique mondiale, l’Afrique centrale doit se rallier à ses opérateurs pétroliers et gaziers. L’Afrique ne peut pas se permettre de laisser ses ressources en hydrocarbures dans le sol et, à ce titre, elle aura besoin du pétrole et du gaz non seulement pour faire partie d’une transition énergétique juste, mais aussi pour en être le moteur. Il est important de veiller à ce que les ressources soient utilisées correctement et à ce que le continent n’opère pas une transition préjudiciable à l’Afrique. Les pays de la CEMAC doivent produire chaque goutte de pétrole et de gaz qu’ils peuvent trouver pour développer la région. Il n’y a aucune raison de s’excuser et de ne pas utiliser vos ressources pétrolières et gazières. Le plan A est le pétrole, le plan B est le pétrole et le plan C est le pétrole. Nous n’avons pas d’autre plan.
Dans ce contexte, l’édition 2024 de la CAEBF plaide en faveur de la suffisance énergétique dans la région. Servant de plateforme où les nations régionales se réunissent, l’événement aborde les défis les plus pressants auxquels sont confrontés les opérateurs du secteur de l’énergie en Afrique centrale. La CABEF met en relation les acteurs de l’industrie énergétique dans le but d’accélérer le rythme et la réussite des projets énergétiques, avec un accent stratégique sur les développements pétroliers et gaziers.
« La CABEF s’est imposée comme une plateforme importante pour de nombreuses raisons : en mettant en relation les gouvernements régionaux et les opérateurs énergétiques, elle permet des discussions directes sur les défis et les opportunités de la région. L’événement permet également de mettre en relation les investisseurs étrangers et les projets, servant ainsi de catalyseur pour le développement de ces derniers. L’AEC est fière de soutenir une fois de plus cet événement important et continuera à plaider en faveur d’un environnement favorable en Afrique », déclare NJ Ayuk, président exécutif de l’AEC.