Beni : à la prison des femmes, les détenues s’initient à l’élevage de poules
«Je serai une meilleure personne au sortir de la prison». Condamnée à trois ans de prison ferme pour abus de confiance, Confiance pense déjà à l’après-prison. Il lui reste moins de dix mois à purger.
C’est avec enthousiasme qu’elle a accueilli le nouveau projet de l’unité d’appui à l’administration pénitentiaire de la MONUSCO à la prison des femmes de Beni : un poulailler. Depuis la fin du mois de décembre dernier, avec trois autres codétenues, Confiance apprend les techniques d’élevage de poules. De quoi occuper ses longues journées. Et de quoi aussi – et c’est le plus important, confesse-t-elle – préparer la vie après la prison.
A sa sortie de prison, la jeune femme d’une vingtaine d’années souhaiterait être une meilleure personne. Sa mère qui l’encourage à tenir et à apprendre ce nouveau métier lui a promis de financer le début de ses activités d’élevage dès qu’elle sortira de prison. «J’ai vu comment moi-même je peux faire également mon projet à l’extérieur pour avoir de l’argent», fait savoir Confiance.
Ses codétenues partagent son enthousiasme. Par groupe de quatre, elles passent au poulailler où un éleveur professionnel leur apprend les techniques du métier, sous l’œil vigilant des gardiens.
Un projet, plusieurs objectifs
La prison des femmes de Beni compte actuellement 68 détenues. A en croire la directrice de l’établissement, la plupart d’entre elles sont poursuivies ou condamnées par abus de confiance et vol.
Kavira Kiza en est convaincue : apprendre un métier en détention facilite la vie après la prison. Selon elle, des femmes formées à l’élevage, au tissage ou encore à la pâtisserie n’en sortiront que plus indépendantes et plus autonomes. De quoi limiter les risques de récidive.
«La majorité des quatre détenues qui sont actuellement en formation vont bientôt sortir. Lorsque ces femmes vont sortir de prison, elles auront déjà un métier en main», se réjouit-elle, expliquant que la pratique d’un vrai métier limite les tentations de commettre un vol.
La directrice de la prison insiste également sur les avantages à court-terme de cette expérience : une alimentation convenable pour les détenues. Cet établissement pénitentiaire connaît des difficultés de fonctionnement. Une partie de la production du poulailler sera ainsi utilisée pour l’alimentation des détenues.
A l’unité d’appui à l’administration pénitentiaire de la MONUSCO à Beni qui a initié ce projet, on insiste sur les bienfaits d’apprendre aux détenues un métier qui peut, à la fois, devenir une source de revenus pour elles une fois sorties de prison et assurer leur survie pendant qu’elles y sont encore.
En plus du poulailler qui compte actuellement trois cents poules, la prison des femmes de Beni dispose également d’un petit commerce où sont vendus des paniers confectionnés à la main par les détenues.
Fatoumata Bintou Diallo