Des femmes métisses confrontent la Belgique à son passé
Le procès vient de s’ouvrir : cinq femmes métisses accusent l’Etat belge de crimes contre l’humanité lors de son passé colonial.
Elles sont nées au Congo pendant la période coloniale, d’un père belge et d’une mère congolaise, et ont été séparées de leur mère il y a environ 70 ans. Aujourd’hui, elles demandent des réparations financières à la Belgique. Pour l’instant, l’Etat conteste les faits.
Lea Tavares Mujinga, Monique Bintu Bingi, Noelle Verbeken, Simone Ngalula et Marie-Jose Loshi sont aujourd’hui grands-mères et leur histoire débute il y a bien longtemps.
A l’âge de deux ou trois ans, les cinq femmes ont été retirées de force à leur famille maternelle congolaise. Leur faute : être nées d’une mère noire et d’un père blanc.
L’administration coloniale belge traquait ce genre de cas, enlevant les enfants à leur mère pour les interner dans des institutions catholiques.
Passé colonial
Aujourd’hui, les cinq femmes ont intenté un procès contre la Belgique. Elles exigent des dédommagements de 50.000 euros chacune et le plein accès à tous les documents susceptibles d’éclairer leur histoire.
Le procès, qui a débuté ce jeudi (14.10) se déroule dans un contexte où la Belgique est de plus en plus sommée de réévaluer son passé colonial. C’est en tous cas le premier en Belgique à mettre en lumière le sort de quelques 15.000 métis nés dans les anciennes colonies belges.0 seconds of 0 secondsVolume 90%Écouter l’audio01:58
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Selon Colette Braeckman, une journaliste belge qui a largement travaillé sur le sujet, c’est assez énorme du point de vue de la justice et de l’opinion belge mais c’est aussi la réalité de la colonisation.”
L’Etat belge refuse de payer
Pour l’instant, l’Etat belge conteste la qualification des faits. Sophie Calment, l’associée de l’avocate des cinq femmes, décrit l’atmosphère au tribunal ce jeudi :
“De l’émotion, bien sûr, mais aussi l’émotion d’entendre les arguments de l’Etat belge qui malheureusement campe sur ses positions et qui estime qu’aucune faute n’a été commise. Mais en réalité ce que l’Etat belge réfute surtout c’est de devoir payer de quelconques dommages.”
Ce procès intervient deux ans après les excuses officielles de l’ancien Premier ministre belge, Charles Michel, qui a reconnu l’injustice et les souffrances de la colonisation dans l’ancien Congo belge.
Devant le tribunal, l’Etat belge a par ailleurs annoncé qu’en cas de condamnation, il s’efforcerait de réduire les dédommagements de 50.000 à… un euro. Le jugement devrait être rendu dans six semaines.