Mamadou Tandja, ancien président du Niger, est décédé à Niamey l’âge de 82 ans
Elu président pour la première fois en 1999, il avait été renversé en 2010 par un putsch militaire. Les Nigériens semblent avoir oublié les derniers mois de son régime pour ne retenir que l’image du père de la nation qui luttait contre la pauvreté. Il est mort à Niamey à l’âge de 82 ans.
Décédé mardi à Niamey l’âge de 82 ans, l’ancien président du Niger (1999-2010) Mamadou «Baba» Tandja était une figure adulée célébrée pour sa lutte contre la pauvreté et son austérité, qui avait cherché à s’accrocher au pouvoir pour finalement être renversé par un putsch. «Un deuil de trois jours sera observé sur toute l’étendue du territoire national», rapporte un communiqué de la présidence lu à la télévision publique nigérienne.
Plusieurs chaînes de télévision, dont la télévision publique, ont suspendu leurs programmes pour diffuser en boucle des chants religieux et des photos de Tandja.
«Le président Tandja vient de nous quitter après avoir vaillamment lutté contre la mort. Je présente mes condoléances émues à sa famille. C’était un grand homme. Il nous laisse le souvenir d’un Président au patriotisme chevillé au corps. Qu’il repose en paix!», a tweeté l’ancien ministre Mohamed Bazoum, candidat du parti au pouvoir à la présidentielle de décembre.
Le président Mahamadou Issoufou, qui quittera le pouvoir après deux mandats en décembre, a lui fait part de «sa profonde émotion».Abonnez-vous à cette newsletter J’accepte de recevoir les offres promotionnelles et rabais spéciaux.
Un président populaire
«Baba Tanja, vous étiez une légende vivante de notre pays. Votre engagement à l’amélioration des conditions de vie des masses populaires du Niger profond demeurent inoubliable», avait récemment affirmé Oumarou Cissé Issa, un ancien conseiller à la présidence.
Avec le temps, la rue semblait avoir oublié les derniers mois de son régime pour ne retenir que l’image de «Baba Tandja» (le Père de la Nation). Plusieurs fois préfet et ministre de l’Intérieur, Mamadou Tandja acquiert la réputation d’un homme austère. Il avait aussi mené la répression en mai 1990 d’une manifestation de Touareg qui avait fait 63 morts, déclenchant une première rébellion dans le nord de 1991-1995.
Trente-cinq ans avant le putsch qui l’a renversé, c’est un coup d’Etat qui lui avait permis de se faire connaître. Colonel de l’armée, il avait participé en avril 1974 au renversement du premier président du Niger indépendant, Diori Hamani, par le général Seyni Kountché (mort au pouvoir en 1987). Son nom était ainsi associé à ce régime dont beaucoup de Nigériens ont la nostalgie: les années qui l’ont suivi ayant été marquées par une instabilité politico-sociale et un appauvrissement drastique.
Son combat contre la pauvreté
Propulsé par l’ex-parti unique, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD) il est élu président en 1999 et réélu en 2004. Pendant ses dix ans de pouvoir, Tandja a surtout séduit par son combat contre la pauvreté. L’ex-président a ainsi traîné sa haute et longiligne silhouette aux côtés des paysans victimes de crises alimentaires sévères. «Renforcer le pouvoir d’achat des paysans, leur permettre de mieux se nourrir, d’éduquer et soigner leurs enfants, c’est ça qui m’a poussé dans la politique», répétait-il dans ses rares discours. A son arrivée au pouvoir, le Niger est au bord de la banqueroute. Les mesures d’austérité butent sur une contestation sociale et des critiques d’opposants.
Grâce aux fonds provenant de l’annulation des dettes du Niger par les bailleurs de fonds, Tandja se lance dans un politique de grands travaux avec la construction d’écoles, de centres de santé, de mini-barrages. Il électrifie des régions isolées tout en proposant des crédits aux femmes dans les zones rurales, et la gratuité des soins aux femmes et aux enfants de moins de 5 ans.
Dans la foulée, il promet «une lutte implacable» contre la corruption, «écrouant ministres et amis impliqués dans des détournements», souligne Laouali Amadou.
Renversé par un coup d’Etat en 2010
En 2009, à l’issue de ses deux mandats légaux, Mamadou Tandja tente de s’accrocher au pouvoir. Il veut un référendum constitutionnel qui lui permettrait de rester en place et affronte l’Assemblée nationale qu’il finit par dissoudre. Le pays plonge dans une grave crise politique et en février 2010, Tandja est renversé par un coup d’Etat. Il est emprisonné, puis relaxé en 2011 par la justice.
En 2014, il avait rompu le silence pour réclamer un audit sur la gestion du pays par la junte militaire (2010-2011). Il avait été soigné en France en 2015.
Alioune Sarr NDIAYE, afripresse.com