Un agent de sécurité se tient, le 22 avril, devant le sanctuaire Saint-Antoine de Colombo, après l’explosion d’une bombe dans des églises et des hôtels de luxe à Pâques au Sri Lanka.
Le groupe jihadiste État islamique (EI) a revendiqué, mardi 23 avril, les attentats visant la minorité chrétienne qui ont fait plus de 320 victimes le dimanche de Pâques au Sri Lanka.
« Les auteurs des attaques ayant visé des ressortissants des pays de la Coalition [anti-EI] et les chrétiens au Sri Lanka sont des combattants de l’EI », a annoncé le groupe jihadiste via son agence de propagande Amaq. Ces attentats-suicides perpétrés dans trois hôtels de luxe et trois églises en pleine messe ont provoqué un carnage le dimanche de Pâques.
De leur côté, les autorités attribuent le bain de sang au mouvement islamiste local National Thowheeth Jama’ath (NTJ), qui ne l’a pas revendiqué, et cherchent à savoir s’il a bénéficié d’un soutien logistique international. Ces attentats comptent parmi les attaques les plus meurtrières commises contre des civils depuis le 11 septembre 2001.
Pour Zachary Abuza, professeur au National War College de Washington, spécialiste des groupes jihadistes en Asie du Sud-Est interrogé par l’AFP, le National Thowheeth Jama’ath (NTJ), pointé du doigt par le gouvernement sri-lankais, « n’a pas de motivations locales. Ils veulent faire partie de l’insurrection globale de l’État islamique ».
D’après Rohan Gunaratna, spécialiste des groupes extrémistes en Asie du Sud-Est à la S. Rajaratnam School of International Studies de Singapour, aussi interviewé par l’AFP, le lien entre les deux organisations est encore plus important : des « personnes radicalisées par National Thowheeth Jama’ath ont rejoint l’EI, mais pas tout le monde. Elles dirigent maintenant les opérations de l’EI au Sri Lanka, avec des liens avec le groupe État islamique en Syrie ».
Des « représailles » contre l’attaque de Christchurch
Les premiers éléments de l’enquête montrent en outre que ces attentats ont été commis en représailles au carnage des mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande et en lien avec un groupe islamiste indien peu connu, a déclaré mardi le vice-ministre sri-lankais de la Défense, Ruwan Wijewardene.
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Le 15 mars, une attaque a fait 50 morts dans deux mosquées de la grande ville du sud de la Nouvelle-Zélande. Le «califat» auto-proclamé en 2014 par l’EI sur de vastes territoires conquis en Syrie et en Irak, s’est effondré en mars après de multiples offensives. Pourtant, le groupe jihadiste continue à revendiquer des attentats commis dans ces deux pays ainsi qu’ailleurs dans le monde. « Ce que nous avons vu au Sri Lanka est l’ouverture d’un nouveau front dans l’insurrection jihadiste globale », conclut Zachary Abuza.
(Avec AFP)