Quel modèle économique pour structurer l’économie informelle au Bénin ?
Avec une population de plus de 11 millions d’habitants ainsi qu’un PIB annuel croissant de 5,5%, le Bénin entame depuis quelques années de grandes réformes économiques et structurelles et pourrait disposer des conditions nécessaires pour être l’une des économies importantes d’Afrique dans les années à venir.
Cependant, le commerce informel des petites entreprises est plus qu’omniprésent au sein de l’économie béninoise et détient un fort potentiel encore inexploité. En effet, un grand nombre de commerçants et grossistes fourmillent au sein des différents marchés de la capitale économique béninoise, et du pays de manière plus globale, et représentent un enjeu considérable tant d’un point de vue social qu’économique.
Trouver un modèle qui permettrait de mieux structurer cette économie dite « informelle » tout en améliorant les conditions et le travail de ses acteurs est une problématique très actuelle. Elle ne pourrait être que favorable au développement de la croissance béninoise ainsi qu’un atout de taille dans sa stratégie de devenir une puissance du continent africain.
Quels sont les besoins des commerçants-grossistes ?
Deux grands besoins liés l’un à l’autre ont pu être observés. Ainsi, l’ambition première des commerçants consiste à obtenir des produits à moindre coût afin de pouvoir dégager un micro bénéfice à la revente. Ensuite, il s’agit pour eux de se démarquer sur un marché saturé, notamment sur le segment des produits alimentaires de base, en cherchant la meilleure qualité produit possible et qui sera en mesure de satisfaire la clientèle de détaillants, soit les bonnes dames.
Comment répondre à leurs attentes et les accompagner dans une démarche business ?
Le développement des technologies est un outil stratégique qui peut donner la possibilité de répondre à ces problématiques de prix et de qualité recherchées par les commerçants tout en y intégrant un aspect numérique permettant la traçabilité des flux commerciaux, informations bénéfiques à l’économie du pays. Ainsi, internet et le numérique rendent possible l’accès à davantage d’offres produits à échelle locale, dans la sous-région ou plus largement à l’international.
Cependant, il faudrait que les commerçants puissent avoir des points d’accès à ces outils numériques, comme des ordinateurs ou des téléphones portables, une connexion internet fiable et enfin qu’ils détiennent les liquidités nécessaires pour se procurer les stocks de marchandise souhaités.
C’est pourquoi, en attendant que l’économie numérique se démocratise dans le pays et au sein des foyers, des acteurs spécialisés endossent ce rôle de « marketplace » sur le marché béninois et peuvent aider les commerçants à faire face à ces nombreuses contraintes.
Ils proposent aux commerçants un catalogue produit leur permettant de renouveler leurs stocks avec des marchandises importées à bas coûts et, par conséquent, des synergies sont créées entre fournisseurs internationaux et acheteurs locaux. Faire appel à ces organisations spécialisées donne ainsi l’avantage aux commerçants de pallier aux problèmes logistiques de transport, d’obtenir des garanties fiables et légales quant à la livraison de leurs marchandises importées et de trouver des solutions quant à leur manque de liquidités.
Lorsqu’ils sont en besoin, les grossistes peuvent donc se faire livrer différents types de marchandises à un prix d’achat connu et négocié au préalable pour répondre aux sollicitations de leurs clients, mieux anticiper leurs stocks, leurs dépenses et par définition, développer une véritable stratégie de vente.
Grâce au bouche à oreille, meilleur outil marketing du marché béninois, un grossiste peut vite rencontrer un franc succès auprès des clients si la marchandise proposée arrive à associer un prix intéressant avec une bonne qualité, les deux critères essentiels pour pouvoir pénétrer le marché africain.
La nécessité de développer des offres dédiées de micro-crédit
Le crédit est très répandu au Bénin. Cependant, afin de renforcer la professionnalisation des activités des commerçants-grossistes sur les marchés, il est nécessaire que des offres de micro-crédit soient conçues et mises en place pour permettre de répondre à leurs contraintes d’achat et de revente, dans un cadre beaucoup plus réglementaire.
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Si l’Etat Béninois veut davantage intégrer cette économie informelle dans sa croissance nationale, celui-ci ne doit pas se priver du soutien que peuvent lui apporter les startups et autres organisations privées qui œuvrent pour améliorer la qualité de vie des commerçants sur les marchés béninois en mettant à leur disposition les outils nécessaires pour élargir leurs portefeuilles marchandises et clients, renforcer la qualité de leurs produits et améliorer leurs revenus quotidiens.
Grâce à leurs expériences terrain et à la maîtrise des besoins de la cible commerçante, ces organisations peuvent être force de proposition dans la recherche d’un modèle économique qui pourrait donner une structure plus « formelle » à ce secteur ambitieux.
Par Niama El Bassunie, fondatrice de WaystoCap